Autour de Notre-Dame-des-Landes et dans l’agglomération nantaise, depuis 2008, les collectivités sont tenues d’associer leur futur au transfert de l’aéroport.

Enquête #9. Les incidences du transfert

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Autour de NDDL : des emplois

 

Parmi les 45 élus à la communauté de communes Erdre et Gesvres (Notre-Dame-des-Landes et ses onze voisines), « certains sont contre l’aéroport », explique le président, Yvon Lerat. Pourtant, « le projet collectif pour les cinquante ans à venir » est voté « à l’unanimité, aéroport compris ».Le secteur, pas seulement rural, n’a pas attendu un aéroport pour se développer : 60 000 habitants dont près de 28 000 actifs, 3 000 entreprises et 13 400 emplois ; une zone d’activités dans chaque commune ; un millier d’habitants supplémentaires chaque année, avec « une politique de densification des bourgs » et les équipements induits.

Pour « mettre en œuvre le projet de territoire, on a besoin de sous, estime Yvon Lerat.La venue de l’aéroport permettra de financer tout ça ». Un accord-cadre est passé avec l’État pour soutenir ce projet. Il est conditionné au lancement du chantier.Sans transfert, Yvon Lerat prévoit des projets abandonnés « ou ralentis », citant, sans le dater, le tram-train prolongé à partir de La Chapelle-sur-Erdre jusqu’à Notre-Dame-des-Landes ou la jonction routière entre les routes de Rennes et de Vannes.

Pour le chantier, Erdre et Gesvres a négocié l’équivalent de 65 emplois d’insertion et attend beaucoup des « 5,4 millions d’heures de travail » et des « 500 emplois créés par tranche de 500 000 passagers supplémentaires ».

 

Elle a mis en place un rapprochement entre l’offre et la demande, « afin de promouvoir l’emploi local », et la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) « en lien avec les métiers de la plateforme aéroportuaire ». Yvon Lerat visite des entreprises, vend son territoire avec l’aéroport.

 

Nantes métropole : des espaces

 

À Nantes métropole, le transfert intègre un « projet global d’aménagement qui conditionne le futur de l’agglomération, mais aussi de Saint-Nazaire et du grand Ouest », selon Fabrice Roussel, premier vice-président de l’agglo.La métropole table, d’ici quinze ans, sur 75 000 habitants supplémentaires qu’elle veut loger « au cœur de l’agglo où il y a déjà des équipements, des services et ainsi rationaliser les dépenses ». Elle a calculé qu’en libérant « le secteur contraint » par l’exposition au bruit près de Nantes Atlantique (Rezé, Bouguenais, Saint-Aignan), elle peut proposer 6 000 logements supplémentaires. « Autant qui ne partiront pas en 2e et 3e couronnes, sur des zones agricoles », manière indirecte de préserver des espaces.

 

L’avenir de Saint-Aignan-de-Grandlieu est en jeu. Menacée de disparition selon son maire si l’actuel aéroport était conservé. « Aucune volonté de développement urbain vers le lac », assure Nantes métropole, qui prévoit même une forêt urbaine en guise de protection de cette zone Natura 2000.Plusieurs créations ou transferts d’infrastructures sont conditionnées à la libération d’espaces sur la zone de l’actuel aéroport.Objectif emplois lorsqu’il s’agit de faire de la place pour Airbus, « dont le site de Toulouse est saturé », et pour l’accueil de ses sous-traitants. À la clé, des conditions d’activités nouvelles. À la place de l’aérogare doit s’implanter l’Institut de recherches technologiques réunissant des étudiants, des chercheurs, « déjà en phase de développement, mais manquant d’espace pour atteindre une dimension européenne ».

 

Les opposants : des mensonges

 

Les anti-transfert parlent de « mensonges ». L’Atelier citoyen note qu’en cinquante ans,« la densité de population est passée de 72 à 34 habitants par hectare », pour une surface métropolitaine « multipliée par 3,5 ». Que les zones contraintes par l’aéroport ne représentent « que 2 % des 17 700 ha urbanisés ». Densifier le reste « suffirait » à accueillir l’afflux de population.Pour eux, le transfert présente « un intérêt urbain faible » et ne ferait que « déplacer les problèmes » vers le nord.

 

Quant aux emplois créés, ils parlent de trompe-l’œil. Durant le chantier prévu pour durer quatre ans, ils évaluent à 700 et non 3 000 les emplois à temps plein. Ils soustraient aussi quelque « 200 emplois détruits » de la filière agricole et soulignent le transfert de 2 000 emplois actuels de Nantes Atlantique à NDDL, soit « une aggravation du déficit d’emplois entre le sud et le nord » de l’agglo.

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