Majorité de oui ou de non, en aucun cas le départ des zadistes et opposants ne serait volontaire. Si c’est oui, l’engagement est pris de construire l’aéroport. Si c’est non, il faudra redistribuer les espaces, mais à qui ?

Enquête #10. Après le vote, que deviendra la Zad ?

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200 "nouveaux habitants"

Aux « zadistes » du langage courant, l’Acipa (principale association d’opposants) préfère la présentation de « nouveaux habitants ».« Nous sommes environ 200 en permanence »,explique un porte-parole de ces militants. Leur action est sans concession, en faveur d’une société différente. Routes annexées, résistance aux forces de l’ordre, cohabitation parfois délicate avec le voisinage et quelques violences en marge de manifestations contribuent à véhiculer un profil peu avantageux de ces occupants. « C’est une campagne de diabolisation qui n’est pas facile pour nous », disent-ils.La seule vertu qu’ils consentent à la consultation du 26 juin est « d’amener dans le débat les questions environnementales et de constructions sociales ». Ils ne participent ni au scrutin, ni à la campagne qui le précède. Pour eux, l’aéroport ne se fera pas. Qu’un oui ou un non sorte des urnes, nombre d’entre eux sont déterminés à poursuivre ici leur expérience de cultures, productions et distributions alternatives.

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Zone à défendre

 

La dialectique de la lutte a détourné la désignation d’urbanisme (zone d’aménagement différé) en « zone à défendre ». Cette tactique d’occupation avait pris corps dès 2007. Elle s’était étoffée avec la réception par les opposants du Camp climat en 2009. Ce rassemblement international qui alerte sur les effets du changement climatique était organisé pour la première fois en France. Il prône « le siège d’installations productrices d’importantes émissions de carbone ».

Appel reçu pour un acte militant puisque des mouvements divers occupent sans discontinuer la zone, « avec un noyau d’une cinquantaine et d’autres qui restent moins longtemps »

Ils construisent des cabanes, investissent les fermes et maisons promises à la démolition. Ils revendiquent la création de 60 « lieux de vie », l’exploitation de 250 ha en « cultures collectives, apiculture, élevage » et l’élaboration de projets de vie « conviviaux et solidaires », épicerie, fournil, restaurant…

Un collectif de paysans (Copains 44), exploite également 400 ha.

Lutte sans fin

Qu’une victoire du non débouche sur un abandon du projet, les occupants comptent bien rester et poursuivre leurs projets alternatifs. « Nous sommes en réflexion avec les organisations agricoles pour le futur des terres, qu’elles ne retournent pas à des exploitations productivistes ou se transforment en zones commerciales », disent-ils. Une « assemblée des différents mouvements de lutte » prône que les expropriés retrouvent leurs droits, que les terres restent aux agriculteurs « ayant refusé de plier », que se poursuivent les expérimentations « d’habitat auto-construit et de formes de vie ». Ils veulent maîtriser la redistribution éventuelle des terres. Mais ce genre de mission reviendrait aux organisations professionnelles agricoles. Et le propriétaire, l’État, aurait là encore à décider.

Le retour de César ?

 

Que le oui l’emporte et que François Hollande assume son engagement à suivre l’avis majoritaire, l’aéroport sera transféré. « Mais c’est toujours non », préviennent déjà les opposants. Sans négociation possible, se profile un retour à la situation de l’automne 2012, avec une évacuation contrainte mais risquée.En dépit du fiasco de l’opération César où un déploiement de forces de l’ordre s’était heurté à une farouche résistance, c’est ce que réclament les porteurs du projet, conseil régional en tête, qui ne parlent pas de zad mais « d’intolérable zone de non-droit ». Et de règles de la République que « l’État ne fait pas respecter ». Une demande d’évacuation demandée par des sources multiples, avec ou sans transfert d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Ce qui laisse présager, dans un cas comme dans l’autre, que perdure une zone de conflit, voire d’affrontement, sur l’espace de la Zad.

Avenir du bocage

 

Si l’aéroport ne se faisait pas, « la zone garderait sa vocation agricole » veulent convaincre les opposants historiques (Acipa). L’association mise sur la restitution des quelque 650 ha expropriés car « personne n’a encaissé l’argent et chacun peut récupérer droits et titres », souligne Julien Durand. Pour le reste, soit environ 800 ha, « il faudra de nouvelles autorisations d’exploiter ».

 

Reste à savoir pour quelle agriculture. Car dans cette hypothèse, les communes réviseraient leur plan local d’urbanisme.Si bien que rien, surtout pas les pratiques agricoles contemporaines, ne garantit la préservation du bocage en l’état. Sauf l’intention exprimée par les paysans actuels de ne pas « user plus demain qu’hier », du bulldozer.

Zone à défendre

 

La dialectique de la lutte a détourné la désignation d’urbanisme (zone d’aménagement différé) en « zone à défendre ». Cette tactique d’occupation avait pris corps dès 2007. Elle s’était étoffée avec la réception par les opposants du Camp climat en 2009. Ce rassemblement international qui alerte sur les effets du changement climatique était organisé pour la première fois en France. Il prône « le siège d’installations productrices d’importantes émissions de carbone ».

Appel reçu pour un acte militant puisque des mouvements divers occupent sans discontinuer la zone, « avec un noyau d’une cinquantaine et d’autres qui restent moins longtemps »

Ils construisent des cabanes, investissent les fermes et maisons promises à la démolition. Ils revendiquent la création de 60 « lieux de vie », l’exploitation de 250 ha en « cultures collectives, apiculture, élevage » et l’élaboration de projets de vie « conviviaux et solidaires », épicerie, fournil, restaurant…

Un collectif de paysans (Copains 44), exploite également 400 ha.