Au nord, le nouvel aéroport détruirait une oasis de biodiversité. Mais au sud, les avions à l'atterrissage survolent la réserve de Grand-Lieu.

Enquête #7. Qu'en pensent les tritons et oiseaux ?

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Le bocage humide

 

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes aurait-il deux pistes, ou bien une seule, comme l'affirme Ségolène Royal ? La réponse indiffère les tritons marbrés ou crêtés et leurs défenseurs naturalistes. Sur le terrain, ces derniers ont inventorié 2 000 espèces d'amphibiens, reptiles, invertébrés, mammifères et plantes, dont 130 protégées. Seuls quelques individus de trois espèces seraient déplacés, à titre expérimental.

Le chantier détruirait un maillage de haies, de prairies naturelles, une zone humide, complexe, décrite comme « exceptionnelle » par beaucoup de scientifiques et défenseurs de l'environnement. Ici, l'eau est omniprésente, avec une forte densité de mares, et un chevelu de ruisseaux qui alimentent l'Isac, l'Erdre, le Gesvres et l'Hocmard. L'ensemble joue un rôle prépondérant dans la lutte contre les inondations et la qualité de l'eau.

L'État et AGO-Vinci mettent en avant des mesures compensatoires. Elles sont contestées par les défenseurs de l'environnement qui ont attaqué, devant la justice, les arrêtés préfectoraux autorisant les atteintes à la loi sur l'eau et à la protection des espèces. Le recours, rejeté en première instance, est en appel.

Depuis la création d'une zone d'aménagement différé, en 1974, ce bocage humide a échappé au remembrement et à l'agriculture intensive. Le conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité pointe « l'originalité d'un agrosystème en voie de disparition dans l'ensemble de l'Europe de l'Ouest ».

Des ingénieurs, qui viennent de réaliser un rapport sur les alternatives au projet d'aéroport, évoquent la richesse du territoire, mais sans en faire un ensemble d'exception, comme la réserve de Grand-Lieu.

 

La réserve du lacGrand-Lieu

Le lac est situé dans l'axe de la piste actuelle. C'est la grande réserve ornithologique, au sud de l'agglomération nantaise, qu'évoquent les partisans du projet Notre-Dame-des-Landes dès qu'il est question d'environnement.

Transférer l'actuel aéroport, c'est protéger les oiseaux et le lac, répètent-ils, dénonçant le survol à basse altitude d'une zone Natura 2 000. Pourtant, s'il apparaît frappé du sceau du bon sens, l'argument de la protection de Grand-Lieu ne repose pas sur des études ou observations scientifiques.

Le passage des avions commerciaux laisse les oiseaux de marbre, affirment des scientifiques comme Loïc Marion, chercheur au CNRS, créateur et directeur de la réserve pendant vingt-trois ans. Avant l'atterrissage, explique l'ornithologue, les avions, moteurs au ralenti, ont interdiction de descendre au-dessous des 300 m sur le lac. Au décollage, ils bifurquent avant.

Les oiseaux se sont habitués aux avions, confirmait en 2014, une note interne de la Direction régionale de l'Environnement. Quand des espèces quittent le lac pour se nourrir, elles vont sur le Marais Breton, ou encore l'estuaire de la Loire, fait-on remarquer dans la réserve.

Ni la commission du dialogue en 2013, ni les ingénieurs récemment missionnés par Ségolène Royal, ne contestent ces analyses.

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