L'aéroport n'est pas dangereux. Une aide à la navigation sécuriserait davantage les atterrissages, mais accentuerait le survol de la ville.

Enquête #6. Le survol de Nantes est-il un danger ?

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Un avion peut-il s'écraser sur Nantes ? Le risque zéro n'existe nulle part, « d'autant plus quand la piste est dans l'axe de la ville », soulignent les partisans du transfert.

Mais agiter le scénario catastrophe, comme le font certains d'entre eux, en évoquant des crashs à Amsterdam et Taïwan, revient à jouer sur les peurs. L'aéroport de Nantes-Atlantique est classé en catégorie A.

Autrement dit, il n'est pas dangereux, même si les avions survolent une partie de la ville à basse altitude… à 420 m au-dessus du château.

 

« Risque très faible »

 

Dominique Boschet, président de l'Association contre le survol de l'agglomération nantaise (Acsan), rappelle l'incident du 21 mars 2004. Un vol égyptien rate sa descente et rase les immeubles.

Le BEA (Bureau d'enquête et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile) a conclu à une série de défaillances humaines : « erreur » d'interprétation du radar météo ;« manque de maîtrise des procédures d'approche » par le pilote ; « manque de synergie » entre le cockpit et la tour de contrôle ; « problème d'hypovigilance » du contrôleur aérien.

En 2013, la commission du dialogue écrivait : « Il ne faut ni nier ni être alarmiste sur le risque aggravé par le survol à basse altitude. [...] Pour les responsables de l'aviation civile, le risque est très faible et parfaitement maîtrisé par le contrôle aérien. [...] Cet argument ne peut pas être mis en avant pour justifier le transfert. »

Sauf qu'il frappe les esprits.

 

Modifier les procédures d'atterrissage

 

Peut-on encore minorer ce risque à Nantes-Atlantique ? Oui, en améliorant la couverture radar, dépendante d'équipements en Vendée et à Quimper. L'aéroport actuel n'est pas équipé d'un radar d'approche.

On peut aussi corriger la trajectoire d'atterrissage côté nord (donc côté ville). Aujourd'hui, de façon dérogatoire, pour limiter le survol urbain, les avions se désaxent de la piste et effectuent, en manuel, un virage à 150 m au-dessus d'un collège. « Cette approche n'est pas dangereuse, mais inadaptée, délicate, non précise, faute d'un guidage vertical automatique de la descente des avions », analyse Paul Scouarnec, ancien contrôleur aérien pro-NDDL.« L'approche est moins confortable, mais en rien un problème », valide Thierry Masson, pilote de ligne anti-NDDL.

Les inspecteurs missionnés par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, relèvent cette « singularité » nantaise et préconisent « la mise en conformité des procédures qui ne correspondent plus aux recommandations de l'Organisation de l'aviation civile internationale ».

Une solution qui fait l'unanimité : installer une assistance de précision automatique, appelé ILS, côté nord de la piste (il en existe un côté sud). Option pas si simple, soumise à enquête publique. Cette aide à la navigation, dite « tout temps », minimiserait l'aléa météo pénalisant à Nantes.

Aujourd'hui, la contrainte imposée d'une visibilité de 3 000 m pour atterrir oblige parfois à dérouter des avions. Inconvénient : l'ILS imposerait de redresser l'approche des avions dans l'axe de la piste, avec un survol accru du centre-ville nantais. Plus près de la tour Bretagne. « Ça ne manquera pas d'impressionner, même si la trajectoire passera 200 m plus haut », relativisent les ingénieurs de ministère de l'Environnement.

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